Les embarcations les plus improbables côtoyaient drakkars, valesana, kayaks, double, quatre, huit… et autres gondoles. Les bateaux fleuris rivalisaient avec les reconstitutions antiques qui elles-mêmes tentaient d'éviter des Vikings lancés à toute allure. L'Europe entière, la Californie et jusqu'à la Nouvelle-Zélande étaient sur l'eau. Une forte présence d'équipages féminins et une notable participation d'Europe de l'Est constituaient les nouveautés de cette année. De la Giudecca, du Grand Canal, tous convergeaient vers le bassin de Saint-Marc. L'armada stationnait devant le Palais des Doges, les mélodies célestes de Vivaldi s'élevaient depuis la Pointe de la Douane, tout le monde avait le sentiment de participer à une fête fabuleuse. Venise sous le soleil s'était parée des couleurs de Canaletto.

Au coup de canon tiré de San Giorgio, à 9 heures ce matin du 27 mai, la course folle de trente kilomètres à travers la lagune commençait. Il fallut se frayer une route dans la joyeuse mêlée. San Erasmo, les cloches de Burano, le campanile de Torcello, l'accueil en musique à Murano, l'excitation montait, l'émulation poussait les équipages. Certains dégustèrent leur plaisir et prirent le temps de pique-niquer au milieu de la lagune. Le bonheur était partout. L'entrée dans Venise par le canal de Cannaregio fut pour le moins épique. Des centaines de bateaux imbriqués les uns dans les autres formaient un gigantesque bouchon dérivant dont les plus chanceux seulement parvenaient à s'extraire rapidement. D'autres y passèrent bien plus d'une heure avant d'atteindre le Grand Canal et ce fut pour eux « Carnage à Cannaregio ». Mais les spectateurs, nombreux et chaleureux, encourageaient, conseillaient et applaudissaient. Chacun eut droit à son lot de « Viva ! ».

Enfin le Grand Canal, ses eaux vertes et ses palais resplendissants sous le soleil toujours généreux, jusqu'à l'arrivée à la Pointe de la Douane où la cité des Doges qui sait se montrer munificente distribuait médailles et brevets de participation aux valeureux navigateurs.

Un dernier salut à Santa Maria della Salute comme les marins vénitiens à chaque fois qu'ils prenaient la mer et il était temps de regagner Mestre et d'échapper à la noria des vaporetti qui n'allaient pas tarder à entrer en action. Les huit yolettes de l'ACBB Aviron sont arrivées à bon port… sans galère.

À Mestre, les équipages étaient attendus par la dream team technique de l'ACBB Aviron sans laquelle cette aventure et cette fête n'auraient jamais eu lieu. Annick et son don de l'organisation, qui s'est chargée d'initier et d'organiser ce voyage depuis le début. Pedro et François, qui ont passé les Alpes avec les bateaux, et grâce à qui la logistique et l'organisation technique ont été d'une remarquable efficacité.

En outre, un grand merci à Jean-François, resté à Paris, mais qui a tant aidé pour la préparation des bateaux, et à tous les encadrants de la section loisir pour leurs conseils avant le départ.

Et bien sûr, bravissimo aux 50 rameurs de l'ACBB Aviron qui ont fait preuve d'une belle cohésion et d'une indéfectible solidarité.

Entre ciel et eaux, ils ont conquis trois jours de bonheur inoubliable.

Ciao Venezia !